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Louis, mon mari et moi nous avons toujours accueilli
beaucoup de monde dans notre grande maison. Surtout à
cause de moi. Quand je rencontre une personne
sympathique je n’accepte pas de ne plus la revoir. Ils
me manquent après un certain temps.
J’ai passé beaucoup de temps de ma jeunesse dans la
partie francophone de mon pays pour apprendre le
français, car je suis néerlandophone. Dans le temps il
fallait absolument connaître d’abord la langue
maternelle, puis le français et l’anglais et l’allemand
pour obtenir un joli emploi. Nos parents comme tous les
parents d’ailleurs voulaient une meilleure vie, un
meilleur emploi aussi pour leurs enfants. On apprenait
toutes ces langues à l’école mais pour parler ces
langues couramment, pour acquérir une connaissance plus
au moins parfaite il fallait passer du temps à
l’étranger. Il fallait “se baigner” dans une langue
étrangère. A l’âge de huit ans je parlais déjà mieux le
français que maintenant je crois. J’avais passé
plusieurs mois dans la partie francophone du pays et le
français était devenu ma seconde langue maternelle.
Toutes les filles que j’ai rencontrées pendant mon congé
obligatoire sont restées des copines pour le reste de ma
vie. Elles ont laissé un petit souvenir dans ma mémoire
ou dans une de mes « boîtes-souvenirs-du-passé: petite
lettre, une carte de Noël, un petit cadeau, un dessin.
Tous ces souvenirs de mon enfance, de ma jeunesse ont
laissé une marque sur ma vie.
A l’école primaire et secondaire j’étais toujours la
meilleure en français. J’écrivais des rédactions ou des
exposés pour la moitié de la classe, je pouvais me
concentrer sur des objets plus difficiles comme les
maths et la science car je ne devais rien faire pour le
français, ni pour l’anglais d’ailleurs. L’allemand était
plus difficile. Quand j’étais encore toute jeune j’avais
des amies en Suisse, en Italie, elles m’invitaient et
moi j’avais l’occasion de les inviter. J’ai fait cela
presque toute ma vie. On a eu des amis anglais, russes,
roumains, polonais, canadiens, allemands, américains,
français chez nous et nous sommes allés les voir pendant
un de nos voyages à l’étranger.
Heureusement que mon mari était aimable et indulgent
envers tous ces étrangers que je voulais revoir et
accueillir dans notre grande maison pendant notre vie.
Après la première année de mariage on a fait faire
construire une très grande et jolie maison. Pour moi,
d’origine plutôt modeste la maison était un palais. On a
déménagé avec deux petits garçons, on en a eu encore
deux autres. Les parents, les beaux-parents, les cousins
et les cousines – tous se plaisaient bien chez nous. Moi
aussi je voulais que mes enfants apprennent des langues
étrangères à un très jeune âge donc ils ont dû supporter
des enfants américains ou des gouvernantes francophones
dans leur foyer. Ils n’aimaient pas tellement leur
présence donc c’était parfois très difficile.
Plus tard ils ont dû faire des cours de langues en
Wallonie, en France, en Allemagne, en Angleterre, aux
Etats-Unis même au Canada. Tout cela pour obtenir de
bons résultats à l’école et plus tard pour obtenir un
joli emploi.
Moi j’ai pu utiliser ma connaissance de la langue
française pendant ma “carrière” de prof de langues. La
première année j’ai découvert que la plupart des élèves
néerlandophones détestaient la langue française. Le
vocabulaire, la grammaire, l’orthographe, tout était
trop difficile pour eux. J’ai du me battre pour faire
étudier des langues étrangères.
Louis et moi ont traversé quelques pays du haut en bas –
de l’ouest à l’est, du nord au sud. Moi j’aimais passer
le temps dans la voiture avec un mari obligé à entendre
ou écouter mes longues tirades, opinions, pensées, idées.
Nos enfants ont pu inviter leurs petits amis, plus tard
leurs copines chez nous pendant de longues années. A 55
ans on a fait un long voyage au Canada et à mon retour
j’ai eu beaucoup de nouvelles idées. J’ai organisée de
grandes et de petites fêtes modestes ou pas pour la
famille, les voisins, les amies, les copains, les
copines, enfin je crois que Louis a dû préparer des
plats pour environs mille personne. Puis j’ai fait un
une vente garage afin d’obtenir un peu plus d’espace
dans la maison et puis j’ai commencé à faire chambres
d’hôtes !
Mon fils aîné a rédigé le site, moi j’ai commencé à
organiser la maison et mon mari a fait l’accueil. On a
eu des gens aimables de toutes les parties du monde.
Vraiment la rencontre de tous ces gens étaient la
meilleure chose qu’on ait jamais fait dans notre vie.
Après la mort d’un de nos enfants j’avais la mauvaise
habitude de me cacher et de me plaindre jour et nuit.
Grâce aux chambres d’hôtes j’avais quelque chose à
faire, je prenais soin des chambres et tous les gens,
tous nos hôtes étaient compréhensifs, gentils,
reconnaissants surtout enfin le comble de nos dernières
années de notre vie.
Louis a pris soin de l’accueil, des petits déjeuners et
il a pu utiliser toutes les langues étrangères qu’il
avait apprises pendant sa jeunesse et moi je suis sortie
de ma cage de tristesse grâce aux gens polis et aimables
qu’ont ait reçus dans notre foyer.
On est dans la dernière épisode de notre vie, espérons
que la gentillesse de nos hôtes puissent adoucir
l’angoisse pour l’avenir. Espérons aussi qu’on pourra
continuer encore un tout petit peu à accueillir des gens
en pleine santé.
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